publicité
Facebook Facebook Facebook Partager

Épidémiologie

Publié le 30 nov 2006Lecture 4 min

Le diabète en France : principaux résultats de l’étude nationale ENTRED 2001-2003 -1re partie

A. FAGOT-CAMPAGNAa, I ROMONa, S. FOSSEa, M. VARROUD-VIALb, A. WEILLc, E. ESCHWEGEd, D. SIMONb,d,e pour le comité scientifique d’Entred.

Grâce à l’informatisation des données de l’Assurance maladie en 1997, le programme national Diabète de l’Assurance maladie a été lancé de 1998 à 2000. Il a conduit à estimer en 1998 la prévalence du diabète traité par antidiabétiques oraux ou insuline à 3 %, son augmentation annuelle à 3,2 %, et a permis de décrire la fréquence des actes médicaux et biologiques réalisés chez les personnes diabétiques. L’étude nationale ENTRED (Echantillon National Témoin REprésentatif des Diabétiques), conduite de 2001 à 2003, a prolongé cet effort en répondant à deux objectifs : la surveillance plus approfondie de l’état de santé des personnes diabétiques, et la mise à disposition d’un échantillon témoin pour l’évaluation des réseaux diabète.

Qui sont les personnes diabétiques ?   La population diabétique est âgée : l’âge moyen était de 65 ans en 2001. Près d’un quart (22 %) étaient âgées de 75 ans ou plus. Plus de la moitié des personnes (52 %) étaient des hommes. On considère que 6 % seulement auraient un diabète de type 1, en prenant comme critères un âge au diagnostic < 45 ans et un délai d’instauration de l’insulinothérapie < 2 ans ; plus de 92 % auraient un diabète de type 2 traité oralement ou par insuline. Dans l’ensemble, 77 % bénéficiaient d’une prise en charge pour affection de longue durée (ALD). Mais ce taux a rapidement augmenté jusqu’à 85 % en 2003. La prise en charge était en général réalisée par les médecins généralistes sans l’aide d’un endocrinologue ; en effet, 52 %  des personnes avaient été remboursées d’au moins 6 consultations de médecin généraliste en 2001, et seulement 9 % d’au moins une consultation auprès d’un endocrinologue libéral.   Contrôle du risque vasculaire chez le diabétique   Le risque vasculaire du diabétique est élevé (figure 1). Le surpoids (indice de masse corporelle compris entre 25 et 29 kg/m2) était présent chez 40 % et l’obésité (≥ 30 kg/m2) chez 34 %. Même chez les personnes ayant un diabète de type 1, 37 % étaient en surpoids ou obèses (vs 77 % dans le type 2), compte tenu qu’il s’agit de données de poids et tailles autodéclarées, ce qui sous-estime probablement ces calculs. La moitié des patients déclaraient une hypertension artérielle ; la pression artérielle mesurée par les médecins était au-dessus du seuil actuellement recommandé de 130/80 mmHg chez 57 %.   La moitié des patients déclaraient également une hypercholestérolémie. Toutefois, pour plus d’un tiers, aucun remboursement de dosage des lipides (cholestérol, triglycérides ou bilan) n’était enregistré en 2001 (figure 2). En incluant les données manquantes dans le dénominateur, les médecins déclaraient que leur patient avait un taux de LDL-cholestérol élevé (≥ 3,4 mmol/l ou 1,3 g/l) dans 25 % des cas. Par contraste, les données de remboursement indiquaient de réels progrès dans le suivi du contrôle glycémique : pour la première fois en 2003, le dosage de l’HbA1c est devenu plus fréquent que celui de la glycémie. Les trois ou quatre dosages annuels de l’HbA1c recommandés n’étaient toutefois pratiqués que chez 39 % des diabétiques en 2003 (figure 2). Un peu plus d’un quart des personnes (27 %) avaient un taux d’HbA1c optimal (≤ 6,5 %), mais presque autant de personnes (25 %) avaient un taux supérieur à 8 %. Figure 1. Parmi les personnes diabétiques interrogées, 93 % déclaraient au moins un autre facteur de risque vasculaire que leur diabète (hypertension, dyslipidémie, tabagisme, surpoids ou obésité) et 31 % en déclaraient au moins trois. Ces taux étaient un peu moins élevés chez les personnes diabétiques de type 1, bien que 3 sur 4 déclaraient au moins un autre facteur de risque. Figure 2. Ce graphique présente l’évolution de l’adéquation du suivi des personnes diabétiques aux recommandations de l’Anaes, adéquation mesurée à partir des données de remboursement de l’Assurance maladie en 2001 sur 9 987 personnes diabétiques ainsi que l’évolution mesurée sur le même échantillon en 2003. Alors que 77 % des personnes bénéficiaient d’une prise en charge à 100 % pour maladie chronique (diabète ou autre) en 2001, 85 % en bénéficiaient en 2003. Les progressions les plus marquées concernaient les 3 dosages d’HbA1c qui progressaient de 30 à 39 % et les dosages d’albuminurie qui progressaient de 18 à 25 %. Malgré ces augmentations, les taux observés en 2003 restent bien inférieurs aux 80 % recommandés pour 2008 par la Loi de santé publique (http://www.sante.gouv.fr/htm/dossiers/losp/sommaire.htm), en particulier, en ce qui concerne le dosage de l’albuminurie. Toutefois, ces taux ne peuvent prendre en compte que les examens réalisés en médecine libérale, et non ceux réalisés au décours d’une hospitalisation. Les complications cardiovasculaires des diabétiques sont résumées dans les figures 3 et 4. Dans le prochain numéro, les complications ophtalmologiques, rénales et podologiques ainsi que la prise en charge thérapeutique du diabétique en France, seront développées. Figure 3. La prévalence des complications coronaires (17 % au total) augmentait avec l’ancienneté du diabète jusqu’à 24 % après 20 ans de diabète. Dès la découverte du diabète (< 5 ans), 14 % des personnes déclaraient déjà une complication coronaire. Cela souligne la nécessité d’une prévention cardiovasculaire débutant avant le diabète, c’est-à-dire au stade du syndrome métabolique. Figure 4. Cette figure synthétise la connaissance du médecin en ce qui concerne l’état de santé de son patient diabétique, selon le type de diabète. – Dans 68 % des cas, le médecin avait renseigné l’état rétinien de son patient (rétinopathie diabétique ou non) ; – Dans 58 % des cas, le médecin avait renseigné la mesure d’albuminurie de son patient ; – Dans 53 % des cas, le médecin avait renseigné les éléments permettant de déterminer le grade de risque podologique de son patient ; – Dans 61 % des cas, le médecin avait renseigné les éléments nécessaires au calcul du LDL-cholestérol (taux de HDL et triglycérides). Globalement, le niveau de complications et de risque n’était complètement connu des médecins que dans 20 % des cas, le risque podologique étant le moins bien connu. La connaissance du médecin était plus satisfaisante lorsqu’il s’agissait d’un patient diabétique de type 1 (40 %) que lorsqu’il s’agissait d’un patient diabétique de type 2 (19 %).   A. FAGOT-CAMPAGNAa, I ROMONa, S. FOSSEa, M. VARROUD-VIALb, A. WEILLc, E. ESCHWEGEd, D. SIMONb,d,e pour le comité scientifique d’Entred. a. Institut de veille sanitaire (InVS) ; b. Association nationale de coordination des réseaux diabète (Ancred) ; c. Caisse nationale d’assurance maladie des travailleurs salariés (CnamTS), Paris ; d. Inserm U-780, Villejuif ; e. Service de diabétologie, Hôpital de la Pitié-Salpêtrière, Paris.

Attention, pour des raisons réglementaires ce site est réservé aux professionnels de santé.

pour voir la suite, inscrivez-vous gratuitement.

Si vous êtes déjà inscrit,
connectez vous :

Si vous n'êtes pas encore inscrit au site,
inscrivez-vous gratuitement :

Version PDF

Articles sur le même thème