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Société

Publié le 06 jan 2015Lecture 4 min

Les chiens d’alerte glycémique (Diabetes Alert Dogs)

J.-P. SAUVANET, Polyclinique de médecine interne, Hôpital Saint-Louis, Paris

Aux États-Unis, l’utilisation de Diabetes Alert Dogs (DAD) tend à se développer(1). En bref, il s’agit de chiens entraînés à détecter les épisodes d’hypo- (principalement) et d’hyperglycémie – une approche complémentaire aux techniques habituelles (autosurveillance glycémique, alarmes programmées des pompes à insuline) et visant plus particulièrement les enfants atteints d’un diabète de type 1 (DT1) à grandes fluctuations glycémiques.  

 L’entraînement des chiens est assuré par des organismes à but non lucratif ou par des sociétés commerciales (mais il est possible de les entraîner soi-même ; des guides existent à cet effet). Un certain nombre de sociétés commerciales sont regroupées en une association (Diabetic Alert Dog alliance) qui promeut une charte et délivre des certifications de conformité. Ce concept de chiens « renifleurs » est rarement abordé, mais l’industrie liée semble florissante, même si certains utilisateurs de ces chiens ont rencontré des déboires (cf. les expériences rapportées sur Internet).   Une équipe d’universitaires de Virginie, sous la houlette de Linda Gonder-Frederick (une spécialiste reconnue des sciences du comportement), s’est intéressée à cette industrie et a présenté deux communications(2,3) lors des 74es sessions scientifiques de l’American Diabetes Association (ADA) qui se sont tenues à San Francisco en juin dernier. Une enquête téléphonique a été réalisée auprès de 13 structures identifiées par leur site Internet, pour moitié à but non lucratif et pour moitié sociétés commerciales, élevant et entraînant eux-mêmes ces chiens et les plaçant ensuite chez des patients (ou familles) DT1(2). Les questions portaient sur la structure de l’organisation, les méthodes d’entraînement des chiens, le nombre de chiens placés annuellement et, bien entendu, les aspects financiers. Globalement, toutes ont les mêmes techniques d’entraînement, basées sur la détermination salivaire (12 sur 13) complétée par d’autres stimuli (transpiration, respiration) et indiquant au chien qu’il doit donner l’alerte. Toutes offrent un suivi après le placement, mais très variable selon les organisations : suivi de l’entraînement à domicile lors du placement et/ou ensuite, mais au cas par cas et surtout dans le cas de très jeunes enfants ; plus généralement, suivi téléphonique ou par questionnaire ; évaluation du carnet d’événements complété par le diabétique et/ou la famille ; réunions de familles pour des échanges pratiques après le placement. La durée de l’entraînement d’un chien est très variable (en moyenne 4,6 ans, mais de 1 à 13 ans !). Le nombre d’entraîneurs par structure est de 1 à 8. Lors de l’enquête, le nombre moyen de chiens en entraînement était de 28 par structure (de 2 à 175 !). Le nombre moyen de chiens placés annuellement est de 28 par structure (de 1 à > 100 !). Le coût d’un chien entraîné n’est pas négligeable, en moyenne de 12 429 US$ (de 1 000 à 30 000 US$ selon le type de structure, à but non lucratif ou société commerciale). L’âge moyen du chien lors du placement est de 19,1 mois (de 2 à 24 mois). Il est généralement estimé qu’un meilleur résultat est obtenu avec un chien âgé d’au moins 18 mois placé auprès d’un enfant âgé d’au moins 10 ans. La limite soulignée par les auteurs est qu’il n’existe aucune législation sur les DAD, ni organisme indépendant pour assurer le contrôle et/ou la certification, et globalement aucune sorte de garantie pour l’acheteur/utilisateur. Le second travail a consisté à évaluer l’exactitude (accuracy) des alertes données par le chien en comparaison aux mesures de glucose (ou de glycémie) lors de l’événement et durant cette journée et enregistrées dans le carnet d’événements (par l’enfant ou les parents)(3). Pour chaque chien, les analyses ont porté sur trois catégories : - pourcentage d’alertes d’hypo- (glycémie ≤ 0,90 g/l) ou d’hyper- (glycémie ≥ 2,00 g/l) confirmées ; - pourcentage d’alertes manquées (pas d’alerte alors que glycémie ≤ 0,90 g/l ou ≥ 2,00 g/l) ; - pourcentage de fausses alertes (alerte alors que glycémie > 0,90 g/l et < 2,00 g/l). L’analyse a porté sur 18 couples chien/diabétique, tous DT1 (14 enfants d’âge moyen 9 ans [2-15 ans] et 4 adultes âgés de 40 à 47 ans) ; tous les chiens avaient été entraînés et placés par un même organisme à but non lucratif de Virginie. Le nombre de jours avec événement allait de 5 à 134 et le nombre de données glycémiques enregistrées de 34 à 569. Au total, le nombre d’alertes confirmées (54,4 %) était significativement plus élevé que celui des alertes manquées, ceci était vrai qu’il s’agisse d’alertes pour hypo- (65,6 % de confirmée) ou pour hyperglycémie (52,1 % de confirmée). Il existait néanmoins de grandes variations inter-chiens (hypoglycémie confirmée allant de 33,3 à 100 % ; hyperglycémie confirmée allant de 29,4 à 76,9 %) et seuls 3 chiens avaient un score d’exactitude > 65 % pour à la fois les alertes d’hypo- et d’hyperglycémies, ce qui pose la question des facteurs susceptibles d’influer sur l’identification par les chiens de ces épisodes, leur entraînement ayant été identique. Ce constat peut, bien évidemment, être également très différent pour des chiens placés par d’autres organismes ou sociétés…

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