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Épidémiologie

Publié le 31 aoû 2009Lecture 6 min

Épidémiologie du diabète traité en France en 2007 - Augmentation de la prévalence et des disparités géographiques

C. SANZ, CHU de Toulouse, Inserm, U558, Toulouse

L’épidémie  de diabète attendue est confirmée par les données de l’Assurance maladie1 : la prévalence du diabète traité en France métropolitaine en 2007 est de 3,95 %, contre 3,6 % en 2005 et 2,7 % en 2000. Des disparités géographiques existent et se renforcent, avec une prévalence du diabète traité en Outre-Mer dépassant les 6 %.

Questions posées par l’étude   Ces dernières années ont été marquées par une accélération de l’augmentation de la prévalence du diabète traité en France. Elle était de 2,7 % en 2000 et de 3,6 % en 2005 chez les Français résidant en métropole. Cette augmentation rapide semblait due à la progression de l’obésité, au vieillissement de la population, à un allongement de l’espérance de vie des diabétiques et aussi à un meilleur dépistage du diabète. Des disparités géographiques existaient avec une forte prévalence du diabète dans les départements d’Outre-Mer, le Nord-Est de la France et la Seine-Saint-Denis. L’objectif du travail de l’équipe d’O. Kusnik-Joinville (Cnam-TS, Caisse nationale de l’assurance maladie des travailleurs salariés) était d’actualiser ces données épidémiologiques en mesurant la prévalence du diabète traité en France à l’échelle départementale et nationale en 2007.   Méthodologie   La base de données individualisées et anonymes du Système national d’information inter-régimes de l’assurance maladie (Sniiram) contient de façon exhaustive tous les médicaments remboursés pour chaque assuré. Dans cette étude, un sujet était défini comme diabétique traité si on lui avait délivré au moins 3 fois dans l’année un traitement antidiabétique (antidiabétique oral et/ou insuline). Grâce aux données de la Sniiram, le taux de prévalence brut du diabète traité a été calculé ensuite pour chaque département. Pour pouvoir comparer les départements entre eux, un taux de prévalence standardisé selon la structure d’âge et de sexe de la population française au 1er janvier 2008 a été calculé.   Principaux résultats   En 2007, la prévalence du diabète traité est de 3,95 %, ce qui correspond à 2,5 millions de personnes. Plus d’un quart de ces personnes était traité par insuline seule ou en association aux antidiabétiques oraux.   La prévalence augmente avec l’âge et est plus élevée chez l’homme En 2007, l’âge moyen des diabétiques traités en France était de 64,8 ans (± 13,8). La prévalence du diabète atteignait 13,3 % chez les 65 ans et plus. Le taux de prévalence du diabète était maximal chez les 75-79 ans, avec pour les hommes 18,2 % de personnes traitées pour diabète et 13,2 % pour les femmes. Le taux de prévalence variait, à âge égal, aussi selon le sexe (4,7 % chez les hommes et 3,3 % chez les femmes). La figure 1 présente la prévalence du diabète traité selon l’âge et le sexe en 2007. Figure 1. Prévalence du diabète traité selon l’âge et le sexe en 2007 (d’après1). Des disparités géographiques (figure 2) Les départements d’Outre-Mer sont fortement touchés par le diabète. Avec un taux standardisé de prévalence du diabète traité de 7,8 %, la Réunion est le département le plus touché, suivi par la Guadeloupe (7,3 %), la Martinique (6,8 %) et la Guyane (6,1 %). Contrairement aux données de la métropole, la prévalence du diabète est plus élevée chez les femmes que chez les hommes. En métropole, après standardisation sur l’âge et le sexe, ce sont les départements du Nord et de l’Est qui ont la prévalence du diabète traité la plus élevée : Nord-Pas-de-Calais (4,8 %), Picardie (4,7 %) et Alsace (4,5 %). Les régions du Grand Ouest ont une prévalence plus faible que la moyenne nationale et la Bretagne est la région avec la prévalence la plus basse (2,6 %). Par ailleurs, dans le Nord, le nombre de femmes et d’hommes diabétiques est sensiblement identique, alors que sur le reste du territoire le diabète touche plus souvent les hommes. En Île-de-France, la prévalence du diabète traité varie fortement selon les départements : Paris (2,9 %), Hauts-de-Seine (3,4 %), Seine-Saint-Denis (5,1 %), Val-d’Oise (4,5 %). Les différences entre départements risquent de s’accroître avec le temps puisqu’il existe à l’échelle départementale une augmentation du taux de prévalence (différence entre les taux 2007 et 2006) d’autant plus élevée que le niveau de prévalence initial était fort. En métropole, les quatre départements dont l’évolution a été la plus forte, Pas-de-Calais, Seine-Saint-Denis, Ardennes et Yonne, avaient une prévalence en 2006 supérieure à 4,5 %. Figure 2. Taux standardisé de prévalence du diabète traité en France en 2007 par région. Que nous apporte cette étude ?   Limites et atouts de la méthodologie Tout d’abord, il faut noter que dans cette étude, le diabète n’est pas défini selon des données biologiques à jeun, mais selon les données concernant la poursuite d’un traitement antidiabétique. L’inconvénient d’une telle définition est la non-prise en compte des sujets diabétiques sous régime seul et des cas de diabète non diagnostiqué. En revanche, l’exhaustivité des données (absence de biais de sélection, contrairement aux enquêtes déclaratives) et la reproductibilité de la technique en sont les points forts.   La  prévalence du diabète traité dépasse les prévisions des experts L’épidémie de diabète attendue est confirmée et la progression est similaire à celle des pays anglo-saxons quelques années auparavant. Aux États-Unis, la prévalence du diabète était de 3,9 % en 1998, donc identique à celle de la France en 2007. Grâce aux données des enquêtes précédentes, la prévalence du diabète était estimée à 3,75 % en 2008. Avec une prévalence du diabète traité en France de 3,95 % en 2007, nous sommes déjà au-delà des prévisions des experts. Le vieillissement de la population, la progression de l’obésité, un allongement de l’espérance de vie des diabétiques et un meilleur dépistage du diabète sont les principaux facteurs expliquant une telle progression. Par ailleurs, la prévalence du diabète traité est maximale chez les plus de 65 ans, ce qui est caractéristique des pays développés. Dans les pays en voie de développement, l’augmentation du nombre de diabétiques concerne principalement les adultes entre 35 et 64 ans.   Une situation préoccupante en Outre-Mer Les disparités géographiques sont nettes et vont aller en s’accentuant selon les premières évaluations. La répartition géographique de la prévalence de l’obésité se superpose à celle du diabète. Dans les départements d’Outre-Mer, la situation est extrêmement préoccupante. La forte prévalence du diabète (quasiment le double de celle de la métropole) semble être d’origine plurifactorielle : forte prévalence de l’obésité, risque génétique de diabète plus élevé qu’en métropole, conditions socio-économiques défavorables, etc. De plus, les femmes ont un risque de diabète plus élevé que les hommes mais, à l’inverse de la métropole, elles sont plus fréquemment obèses que les hommes.   Des actions de santé publique efficaces Une fois ces constats établis, la mise en œuvre de politiques de santé publique pouvant ralentir la progression de la prévalence du diabète est capitale. Limiter la prévalence du surpoids et de l’obésité dans la population française aurait une action indéniable sur la prévalence du diabète. En ce sens, un des objectifs prioritaire du Plan national nutrition santé (PNNS) est de réduire de 20 % la prévalence du surpoids et de l’obésité chez les adultes. Des mesures spécifiques portant sur la maîtrise de l’alimentation et sur le maintien d’une activité physique doivent être adressées en priorité dans les départements les plus touchés par le diabète comme les départements d’Outre-Mer. Puisque les sujets âgés sont la classe d’âge dans laquelle la prévalence du diabète est maximale, les travaux de recherche spécifique à cette population doivent être aussi favorisés. Enfin, grâce à des données annuelles de prévalence du diabète au niveau départemental et régional, des études suivant cette méthodologie, en induisant une vigilance accrue, permettent d’orienter et de suivre les politiques de santé publique spécifiques au diabète.   Conclusion   L’épidémie de diabète continue avec une prévalence du diabète traité dépassant les prévisions des experts et atteignant 3,95 % de la population, ce qui équivaut à 2,5 millions de personnes. Les régions du Nord, de l’Est de la France et surtout les départements d’Outre-Mer sont les plus touchés avec un taux standardisé de prévalence du diabète traité de 7,8 % à la Réunion. Le taux de prévalence du diabète était maximal pour les 75-79 ans, avec 18,2 % de personnes traitées pour diabète chez les hommes et 13,2 % chez les femmes. Des actions de santé publique ciblées sur les populations à risque (zones géographiques de forte prévalence du diabète et sujets âgés) doivent être menées.

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