Publié le 28 mar 2025Lecture 2 min
Objets connectés, avez-vous donc une âme… ?
Bernard BAUDUCEAU, Hôpital d’Instruction des armées Bégin, Saint-Mandé

Alphonse de Lamartine ne pouvait imaginer dans ses Harmonies poétiques et religieuses que ses chers objets inanimés pourraient être connectés presque deux siècles plus tard.
La diabétologie a considérablement bénéficié de ces progrès avec l’utilisation de plus en plus habituelle d’objets connectés comme les balances, les montres ou les stylos à insuline par exemple. Plus encore, le contrôle glycémique a été grandement amélioré par la mesure en continu du glucose et la connexion aux pompes a abouti au développement de la boucle semi-fermée dont le succès témoigne de son intérêt au cours du diabète de type 1. Les progrès en ce domaine sont particulièrement rapides et il est probable que dans quelque temps la boucle sera totalement achevée et qu’il ne sera plus nécessaire d’annoncer ses repas ou son activité physique.
Les données fournies peuvent être transférées aux soignants, ce qui a permis de développer la télémédecine, la téléconsultation et la télésurveillance qui sont devenus indispensables notamment dans les déserts médicaux. Ces objets connectés et l’intelligence artificielle constituent à l’évidence un progrès majeur en médecine et la diabétologie est une terre fertile en ce domaine.
Nul ne peut contester cette évidence mais il est indispensable que l’humain garde sa priorité sur la machine au risque de voir apparaître d’inévitables dérives. La question de la protection des données doit nécessairement se poser au risque de voir pénaliser certains patients face à des assureurs ou à des employeurs peu scrupuleux. Cet objectif doit passer par des mesures de contrôle des autorités de régulation françaises et européennes.
Les recommandations fournies par les smartphones ou les montres qui sont actuellement de nature incitative concernant l’activité physique ou le poids, pourraient devenir plus directives et obligatoires sous peine de conséquences financières ou d’une limitation de la prise en charge des soins.
Dans un sombre avenir, peut-être pas si lointain, les résultats des mesures pourraient être transmises à une plateforme qui grâce à des algorithmes et à l’intelligence artificielle élaborerait une ordonnance adressée par mail au patient contre un règlement dématérialisé pourquoi pas en bitcoins. Nous ne serions plus très loin d’aboutir, regardons la Chine, à une « connectocratie » et au « Big Brother » de Georges Orwell.
Fort heureusement, ce scénario déshumanisé semble encore lointain et sans doute par trop pessimiste mais la vigilance doit être maintenue pour garder une approche humaine et empathique de l’activité médicale. En effet, celle-ci doit rester basée sur un échange entre soignant et soigné, permettant une adaptation à la personne en fonction de ses connaissances, de ses facultés de compréhension et de ses interrogations.
Ainsi, les objets connectés constituent un progrès majeur dans la prise en charge des malades mais gardons à l’esprit que ce ne sont que des outils certes très performants mais qui doivent rester à leur place.
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