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Enfant-Adolescent

Publié le 19 avr 2017Lecture 3 min

Cas clinique : un diabète familial de découverte fortuite

Maxime GERARD CCA pédiatrie, AP-HP, hôpital Ambroise Paré, Boulogne-Billancourt

Stan est âgé de 10 ans et 5 mois. Un bilan sanguin est effectué à la demande de ses parents devant l’évolution rapide d’un trouble visuel. La NFS est normale, l’ionogramme sanguin montre un bilan rénal normal, mais une hyperglycémie à jeun est constatée à 1,14 g/l.
Stan est adressé en consultation de pédiatrie, avec un bilan biologique de contrôle mettant en évidence une hyperglycémie à jeun est constaté à 1,18 g/l (normes : 0,7-1) et une HbA1c augmentée à 6 % (normes : 4-6).

L’interrogatoire de Stan et de ses parents confirme qu’il était bien à jeun au moment du prélèvement. Il ne présente pas de nycturie, ni de syndrome polyuropolidispsique et n’est pas asthénique. Il n’y a pas de fléchissement scolaire. L’examen clinique note une taille de 141 cm, un poids de 33 kg, soit un IMC à 16,6 kg/m2 (sur la moyenne) et ne met pas en évidence d’acanthosis nigricans. L’abdomen est souple, sans gros foie, ni grosse rate. Sa croissance staturopondérale est régulière : + 0,5 DS pour le poids comme pour la taille, ce qui est en accord avec sa taille cible génétique. Son développement psychomoteur est normal, il a des bonnes notes et n’a jamais redoublé. Dans les antécédents familiaux, la mère (d’origine chinoise) aurait présenté un diabète gestationnel à chacune de ses trois grossesses, la grand-mère et la tante maternelles auraient un diabète de type 2 et un surpoids notable. Le père (d’origine antillaise) présente une hypercholestérolémie et un surpoids important. Stan a une sœur de 15 ans et un frère de 13 ans, en bonne santé. Devant ces hyperglycémies familiales, sans surpoids, sans syndrome cardinal, un diabète monogénique de transmission autosomique dominante est d’emblée suspecté (figure). Chez Stan, la recherche d’autoanticorps du diabète de type 1 est négative : anti-IA2, anti-insuline, anti-GAD, anti-ZnT8. Il n’y a pas de groupe HLA prédisposant au diabète de type 1 : DR3-DR4, DQB1*0201 ou DQB1*0302. La recherche génétique retrouve pour Stan, son frère et sa mère, une mutation de l’exon 4 du gène de la glucokinase, impliquée dans le diabète MODY 2 (Maturity Onset Diabetes of the Young), à l’état hétérozygote (figure). Figure. Arbre généalogique montrant la transmission autosomique dominante. Commentaires Le MODY est un diabète monogénique de transmission autosomique dominante, responsable d’hyperglycémie à jeun modérée, évoluant depuis l’enfance et restant stable pendant de nombreuses années. Il se complique très rarement de microangiopathies (moins de 5 %). Il n’y a pas d’indication d’un traitement médicamenteux à mettre en place dans la majorité des cas, un régime suffit le plus souvent. La surveillance simple de l’HbA1c doit être régulière (tous les 6 mois à un an). Un traitement par antidiabétique oral (sulfamide hypoglycémiant) n’est envisagé que si l’HbA1c > 7,5 %. Le diabète gestationnel de la mère n’en était pas un, il s’agissait de l’expression biologique de son diabète MODY préexistant. Il n’y avait pas non plus, chez elle, de nécessité de traitement. Les diabètes MODY sont des diabètes monogéniques rares (2 à 5 % des diabètes non insulino-dépendants). Il en existe 5 types, le plus fréquent étant le diabète MODY 2 par mutation du gène de la glucokinase. La glucokinase est l’enzyme qui permet la liaison du phosphore au glucose dans la cellule ß des îlots de Langerhans, sa mutation entraîne une perturbation du signal glucose dans la cellule ß, aboutissant à un retard de la sécrétion d’insuline. Les diabètes MODY doivent êtres suspectés en cas de « diabète de type 2 » survenant chez un patient jeune, sans surpoids, ou un « diabète de type 1 » avec auto-anticorps négatifs, dont les besoins en insuline sont faibles, et ce d’autant qu’il existe des antécédents familiaux évocateurs d’une transmission autosomique dominante. Une prise en charge spécifique est nécessaire, mais selon le type de diabète MODY, la surveillance et le traitement sont différents. « Publié dans Pédiatrie Pratique »

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