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Congrès

Publié le 24 fév 2023Lecture 6 min

Nouvelles technologies et renforcement de l’éducation thérapeutique du patient

Michèle DEKER, Neuilly

Le système FreeStyle Libre (FSL) a profondément modifié les pratiques de la prise en charge des patients. L’évaluation de l’équilibre glycémique basée sur l’analyse des données de glucose a changé la relation soignant-soigné et les approches éducatives. Grâce à la technologie Flash du FSL, le patient accède sur l’écran de son smartphone, immédiatement après avoir scanné, à de nombreuses données, notamment son taux de glucose dans le liquide interstitiel, une flèche de tendance et sa courbe de glucose des 8 dernières heures. La courbe glycémique ne se résume donc plus à 6 points de glycémie capillaire. L’apparition du concept de tendances conduit aujourd’hui à analyser le passé et à anticiper. Une nouvelle approche éducative centrée sur le patient a donc émergé, nourrie par les nouvelles données fournies par le système FSL. Au-delà de l’amélioration de l’équilibre glycémique, FSL permet de réduire le fardeau du diabète et la charge mentale. L’arrivée des stylos connectés qui renseignent sur les doses et l’horaire des injections d’insuline représente une nouvelle avancée et grâce à l’interopérabilité avec FreeStyle LibreLink doivent permettre d’individualiser davantage le schéma insulinique de chaque patient.

FSL et ressenti du fardeau du diabète chez le patient diabétique adulte   L’apport du système FSL en termes de qualité de vie et de fardeau de la maladie a été moins étudié que son apport sur l’équilibre glycémique. Néanmoins, les données démontrent une amélioration. Ainsi, dans une étude chez 1 365 patients diabétiques (principalement de type 1) utilisant le FSL 1 (sans alarmes) démontre une réduction de la charge mentale en raison de la diminution du nombre d’hypoglycémies, de la diminution du nombre d’hospitalisations et du nombre de jours d’absentéisme au travail. Enfin, l’amélioration des scores SF-12, EQ-5DL démontre une amélioration de la qualité de vie et une diminution du fardeau de la maladie(1). L’évaluation d’un sous-groupe de 384 patients DT1 ayant continué à utiliser FSL pendant 2 ans a montré le maintien des bénéfices sur l’équilibre du diabète et la qualité de vie(2). Pour tirer profit du système FSL, le patient doit bénéficier d’une éducation thérapeutique spécifique. Comparativement à des patients n’ayant pas reçu une éducation structurée à FSL, les patients éduqués améliorent davantage leur HbA1c et leur temps dans la cible(3). L’apprentissage et l’expérience du système impliquent une transformation de la temporalité qui intéresse : – la mesure (rapide, discrète) ; – l’affichage des résultats (immédiat) ; – la présentation des résultats (un taux, une flèche de tendance et une courbe des 8 dernières heures, qui permettent d’agir pour corriger une hypo/hyper, d’anticiper, de corriger ou non des tendances) ; – les représentations tirées des résultats. L’apprentissage et les expériences permettent au patient une meilleure connaissance de lui-même, de sa maladie, une anticipation, permettant de réduire sa charge mentale. Les alarmes disponibles avec FSL 2, sont utilisées par la grande majorité des patients(4). Leur déclenchement appelle le patient à agir. Elles ont pour avantages le sentiment de sécurité, la réduction des hypoglycémies et du temps en hyperglycémie, l’augmentation de la confiance en soi(5). Le caractère optionnel des alarmes de FSL2 permet d’apporter une grande liberté et une souplesse d’utilisation. Le patient est acteur et permet d’accroître l’adhérence du patient. Enfin, le patient se sent en sécurité avec une anxiété diminuée. Le FSL permet une meilleure connaissance de soi et de la maladie, une amélioration de la qualité de vie et une réduction de la charge mentale en lien avec le diabète. Il nécessite une éducation thérapeutique, une expérimentation et de la réflexivité de la part du patient.   FSL et ressenti du fardeau du diabète : le regard du pédiatre   Le fardeau du diabète dans ses deux composantes, émotionnelle et physique, concerne non seulement l’enfant mais aussi sa famille. Pour les parents d’enfants diabétiques, la charge mentale est éprouvante, alors que pour les jeunes enfants le fardeau du diabète concerne d’abord les contraintes liées à la surveillance glycémique, car ils se sentent en parfaite santé. L’altération de la santé n’est perçue que chez l’adolescent. Pour lui, le diabète dévalorise l’image du corps et ce, d’autant plus que l’on ajoute des appareils (pompes, capteurs). Cette dévalorisation explique qu’un certain nombre d’adolescents préfèrent conserver une surveillance par glycémie capillaire plutôt que de porter un capteur jugé stigmatisant. Ces comportements particuliers à l’adolescence sont liés au fardeau du traitement, même si le FSL vise à alléger la vie quotidienne. L’objectif du pédiatre est l’épanouissement de l’enfant, qui prime sur le contrôle du diabète, et d’éviter les abandons de traitement. Comme chez l’adulte, il existe très peu de données concernant la qualité de vie chez l’enfant et l’adolescent équipés du système FSL, et principalement des données d’amélioration de l’équilibre glycémique. Chez l’enfant comme chez l’adulte, FSL a un impact sur l’HbA1c, et diminue la fréquence des hypoglycémies sévères et des acidocétoses diabétiques comme démontré par l’analyse en sous-groupe pédiatrique de la métaanalyse Evans (9 études, 447 enfants)(6). Une étude réalisée sur un petit effectif (39 jeunes, âgés de 10 à 25 ans, 79 % traités par pompe et 82 % utilisant un CGM, et 44 parents) a recueilli sous forme d’entretiens semi-structurés les perceptions des enfants/parents en termes de système idéal pour diminuer le fardeau du diabète(7). Il en ressort que l’enfant souhaite des dispositifs encore plus petits, moins visibles, plus combinés (capteur et cathéter), davantage de systèmes d’automatisation, moins d’implication dans le calcul des doses d’insuline. Si les parents veulent des alarmes fortes et fiables, les enfants souhaiteraient des alarmes customisées comme sur les téléphones, distinguant les hypos et les hypers, tout comme le système FSL le propose avec des alarmes optionnelles en temps réel et personnalisables. Ils veulent se sentir « normaux », manger sans avoir à renseigner les repas, être libérés du contrôle avec une pompe intelligente.   Un nouvel outil connecté : le stylo à insuline   Un nouvel outil vient compléter le dispositif de surveillance de l’équilibre du diabète, les stylos à insuline connectés. Ces stylos, dotés d’une fonction « mémoire de dose », enregistrent l’historique des dernières injections d’insuline, la dose précise injectée à 0,5 unité près et le moment de l’injection. Grâce à l’interopérabilité avec FreeStyle LibreLink, les données d’insuline sont transférées automatiquement sur le smartphone du patient via l’application FreeStyle LibreLink ; elles sont également automatiquement téléchargées (si le partage de données est actif) dans la plateforme LibreView où les professionnels de santé peuvent les consulter. Les stylos connectés contribuent au calcul de la dose d’insuline à injecter en fonction du taux de glucose mesuré par le capteur, des quantités de glucides renseignées sur l’application et de l’insuline active. Ils permettent de délivrer des doses très précises. Ils devraient contribuer à l’observance du traitement et à la prévention des oublis. Les études ayant évalué les stylos d’insuline connectés objectivent des bénéfices sur l’observance du traitement. Cette fonctionnalité permet de repérer les oublis de l’insuline basale, qui impactent l’équilibre métabolique ; une étude récente chez des patients DT1 a, en effet, montré plus de 17 % d’oublis 1 fois de la basale, 3,6 % d’oublis 2 fois sur une période de 14 jours(8). Il en est de même des oublis et des décalages dans l’administration des bolus ; l’utilisation du stylo connecté, en réduisant les erreurs d’administration de l’insuline, se traduit par une augmentation du temps dans la cible(9). Deux stylos connectés Novo Nordisk sont déjà disponibles et remboursés et disposent d’une interopérabilité avec FreeStyle LibreLink. D’autres stylos ou des petits capuchons insérés sur les stylos jetables devraient venir sur le marché. Ces nouvelles technologies permettent au patient vivant avec un diabète de mieux gérer son insulinothérapie, surtout s’il bénéficie d’un suivi et d’un accompagnement thérapeutique adapté aux objectifs, avec finalement une diminution de la charge mentale liée à la maladie et au traitement. Le partage des données avec les professionnels de santé favorise la discussion et la décision partagée. D’après l’atelier Abbott : « Nouvelles technologies et renforcement de l’éducation thérapeutique du patient », avec la participation de H. Mosnier-Pudar, M. Nicolino et C. Thivolet SEFOR 2022

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