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Études

Publié le 29 juin 2005Lecture 5 min

InterHeart - 9 facteurs de risque modifiables sont la cause de l'infarctus du myocarde

B. CHARBONNEL, Clinique d'endocrinologie, Hôtel Dieu, Nantes

L’étude « InterHeart1 » a fait grand bruit : elle a montré que l’infarctus du myocarde, partout dans le monde, est lié à des facteurs de risque modifiables et non pas, ou très peu, à une quelconque susceptibilité génétique. La réalité est sans doute plus subtile : si susceptibilité génétique il y a, elle ne s’exprime vraiment qu’en présence des facteurs de risque environnementaux.

InterHeart a aussi montré, d’une part, que les facteurs de risque de l’infarctus du myocarde sont les mêmes dans le monde entier, d’autre part, qu’ils rendent compte plus ou moins du risque d’infarctus du myocarde au niveau des populations, en fonction de leur prévalence dans une région donnée.   Une étude mondiale cas-témoins   - 262 centres ont été sélectionnés sur la base de la faisabilité de l’étude dans 52 pays, représentant la quasi-totalité du monde habité : Asie, Europe, Moyen Orient, Afrique, Australie, Amérique du Nord, Amérique du Sud. La répartition des ethnies était représentative de la population mondiale. - Les cas : 15 152 cas d’un premier infarctus du myocarde hospitalisé dans une unité de soins intensifs ou équivalent. - Les témoins : 14 820 observations, 1 par cas, appariées sur l’âge (± 5 ans comparé au cas) et le sexe chez les patients hospitalisés (58 %) au même moment dans le même hôpital pour une pathologie non cardiovasculaire ou chez les apparentés (42 %) de la région à un patient sans pathologie cardiovasculaire.   Principaux résultats   Neuf facteurs modifiables rendent compte de plus de 90 % des infarctus du myocarde dans le monde : une dyslipidémie (évaluée par le rapport apo B/apo A), le tabagisme, le diabète, l’hypertension artérielle, une obésité abdominale (évaluée par le tour de taille), des facteurs psycho-sociaux (ensemble composé d’un score de dépression, de stress, de contrôle de soi et d’événements importants survenus dans la vie…), la consommation quotidienne de fruits et légumes, l’activité physique régulière, la consommation d’alcool. Ces 9 facteurs de risque et/ou de protection sont les mêmes partout dans le monde en termes de risque relatif : autrement dit, un individu présentant ce facteur de risque (ou le facteur de protection) aura partout dans le monde le même risque relatif, c’est-à-dire la même majoration (ou diminution) du risque de présenter un infarctus, comparé à un individu qui ne présente pas ce facteur de risque. Les risques relatifs de chacun sont indiqués dans le tableau. Les deux facteurs de risque principaux sont la dyslipidémie et le tabagisme, suivis par le diabète, l’hypertension artérielle et un contexte de stress. Il y a une relation linéaire entre l’importance du facteur de risque et le risque relatif d’infarctus qu’il entraîne comme le montre la figure 1 pour la dyslipidémie et le tabac. L’obésité (BMI) n’est plus un facteur de risque si on introduit le tour de taille dans l’analyse statistique : c’est l’obésité abdominale qui représente un facteur de risque, un peu moindre que les précédents en termes de risque relatif. La consommation quotidienne de fruits et légumes, une activité physique régulière sont des facteurs protecteurs importants. La consommation modérée d’alcool est un facteur protecteur modeste. Figure 1. Le risque relatif d’infarctus du myocarde est lié de manière linéaire à l’importance du facteur de risque. Il ne suffit pas de repérer un facteur de risque (présent ou absent), il faut évaluer le degré de l’anomalie. Les 9 facteurs de risque sont cumulatifs comme le montre la figure 2. Un sujet associant tabagisme, diabète, HTA et un rapport apo B/apo A dans le quintile supérieur aura un risque multiplié par 42,3 comparé à un sujet n’ayant aucun de ces 4 facteurs de risque. Un sujet cumulant les 9 facteurs dans le mauvais sens aura un risque de présenter un premier infarctus du myocarde multiplié par 333,7 ! Figures 2. Le risque d’infarctus du myocarde est associé à l’exposition à de multiples facteurs de risque. Smk : tabagisme ; DM, diabète ; HTN : hypertension ; obes : obésité ; PS : stress ; all RF : tous les facteurs de risque ; all 4 : les quatre facteurs de risque ensemble. Les 9 facteurs de risque sont les mêmes chez l’homme et chez la femme, avec le même risque relatif, à des détails près, et ce quelles que soient la région du monde et l’ethnie. Le nombre des infarctus du myocarde attribuables dans la population à ces facteurs de risque dépend de la prévalence du facteur de risque dans une population donnée. De façon globale, les 9 facteurs modifiables repérés rendent compte, ensemble, de 90,4 % des infarctus observés dans le monde : c’est dire si la susceptibilité génétique est peu importante en regard des facteurs d’environnement (sauf à peut-être favoriser le rôle athérogène des facteurs d’environnement). De façon plus analytique, voici « la part » de chacun des 9 facteurs dans la survenue des infarctus du myocarde dans le monde : – lipides (apo B/apo A) : 49,2 % ; – tabagisme : 35,7 % ; – diabète : 9,9 %, (Son risque relatif est important mais sa prévalence est moindre que celle du tabac ou de l’HTA.) ; – hypertension artérielle : 17,9 % ; – obésité abdominale : 20,1 %, (au niveau mondial, mais jusqu’à 63 % en Europe ; son risque relatif est moindre que celui du diabète mais sa prévalence est très supérieure) ; – stress et dépression : 32,5 % ; – absence de consommation de fruits et légumes : 13,7 % ; – absence d’activité physique : 12,2 % ; – consommation d’alcool : 6,7 %. Les anomalies lipidiques, le tabagisme, l’obésité abdominale et le stress sont les 4 plus grands pourvoyeurs d’infarctus du myocarde. Les 9 facteurs de risque ou de protection repérés dans InterHeart sont les mêmes quel que soit l’âge. Ils sont meilleurs prédicteurs chez le jeune. Une histoire familiale de coronaropathie est un facteur  prédictif indépendant de risque d’infarctus avec un risque relatif ajusté de 1,45, autrement dit modéré. Le nombre des infarctus attribuables à ce facteur non modifiable est de 9,8 %. Si on ajoute ce facteur (une histoire familiale d’atteinte coronarienne) aux 9 facteurs modifiables, on modifie peu l’attribution mondiale des infarctus qui passe de 90,4 à 91,4 %. Il s’agit donc d’un facteur de risque peu important. En conclusion   L’étude « InterHeart » n’a pas d’équivalent dans la littérature scientifique par son ampleur, représentant toutes les ethnies et le monde entier. Elle montre que 9 facteurs simples et modifiables rendent compte de plus de 90 % des infarctus chez l’homme et de près de 95 % des infarctus chez la femme. Ces facteurs sont plus importants chez le sujet jeune et comparables quels que soient le sexe, la région, l’ethnie. L’étude « InterHeart » relativise le risque classique de susceptibilité génétique. Une histoire familiale de coronaropathie constitue un facteur de risque modéré au niveau individuel, en regard des facteurs modifiables, et négligeable au niveau des populations. En agissant au niveau individuel et collectif sur l’alimentation, le tabagisme, l’hypertension artérielle, le diabète, le niveau de stress…, on pourrait sans doute réduire considérablement les événements coronariens.

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