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Congrès

Publié le 31 mai 2011Lecture 5 min

Personnaliser la prise en charge cardiodiabétologique pour mieux prévenir les complications

M. DEKER


Cœur et Diabète
Des discordances entre les résultats des études d’intervention récentes ayant évalué l’effet d’un contrôle glycémique strict sur les événements cardiovasculaires et ceux du suivi prolongé de l’étude UKPDS ont soulevé des interrogations mais elles ne devraient pas remettre en question le bénéfice d’une prise en charge précoce et personnalisée du diabétique.

Le bénéfice coronarien se juge sur la durée   Le bénéfice coronarien objectivé dans UKPDS, de l’ordre de 16 %, ne se juge que sur la durée (au moins 10 ans dans UKPDS), alors que le bénéfice sur les complications microvasculaires est plus rapidement observé (3,5 ans dans ACCORD). C’est dire que l’interprétation de toutes ces études doit être nuancé en prenant en compte non seulement la cible glycémique mais aussi la durée d’exposition à la maladie et au traitement. Il convient également de tenir compte de l’impact des hypoglycémies sous traitement intensif, soupçonnées d’être responsables de l’échec de ces études. En effet, les hypoglycémies stimulent le système sympathique, et leurs épisodes prolongés favorisent les troubles du rythme et de la conduction cardiaque, pouvant entraîner la survenue des événements cardiovasculaires. L’analyse des études ACCORD, VADT et ADVANCE est concordante sur le fait que les hypoglycémies sévères s’accompagnent d’une augmentation de la mortalité. Toutefois une analyse a posteriori récente des données d’ACCORD suggère que le surcroît de mortalité observé dans le groupe de traitement intensif ne concerne que les patients non répondeurs au traitement, alors que ceux dont l’HbA1c a diminué sous traitement ont bénéficié d’une réduction de la mortalité. L’étude REACH, pour sa part, montre une diminution du risque de mortalité de 33 % à 2 ans chez les patients diabétiques traités par la metformine ; ce bénéfice est retrouvé chez les insuffisants cardiaques et même chez les diabétiques ayant une fonction rénale altérée (30-60 ml/min). Ces données plaident en faveur d’un contrôle intensif du diabète, en conservant la metformine, et en évitant les hypoglycémies, surtout sévères, dont les effets délétères peuvent avoir des conséquences dramatiques chez les patients fragiles.   Comment repérer les diabétiques à haut risque cardiovasculaire ?   En l’absence de score parfaitement validé, en particulier chez les diabétiques, on a cherché à valider un intégrateur, c’est-à-dire un paramètre qui synthétise les effets liés aux différents facteurs de risque, à leur durée d’évolution et leur sévérité. Par exemple, l’albuminurie pourrait être considérée comme telle : basse, elle s’accompagne d’un nombre minime d’événements cardiovasculaires, et inversement. Le dépistage de l’ischémie myocardique silencieuse (IMS) pose de nombreuses questions : comment le réaliser ? améliore-t-il l’estimation du risque cardiovasculaire ? comment améliorer la rentabilité de ce dépistage ? améliore-t-il le pronostic ? La découverte d’une IMS améliore indiscutablement l’estimation du risque cardiovasculaire réalisée au moyen de scores tels que celui de l’UKPDS. Le dépistage réalisé chez des patients diabétiques à risque cardiovasculaire a priori élevé (hypertendus, dyslipidémiques, insuffisants rénaux) devrait en théorie permettre de mieux cibler les indications de coronarographie. Certains facteurs de risque sont fortement prédictifs d’une IMS, tels que l’existence d’une artériopathie périphérique, d’une microalbuminurie, d’une rétinopathie, d’une dyslipidémie athérogène. En pratique, la recherche d’une IMS peut être réalisée chez les sujets à haut risque, en pratiquant un test fonctionnel (épreuve d’effort ou scintigraphie), dont la positivité conduit à la réalisation d’une coronarographie et si nécessaire à une revascularisation. La revascularisation, de préférence par pontage (BARI2D), associée au traitement médical, améliore le pronostic. Le traitement médical du diabétique coronarien nécessite une adaptation du traitement en fixant un objectif d’HbA1c aux alentours de 7 %, ce qui permet d’éviter les hypoglycémies particulièrement dangereuses dans cette situation. Pour éviter les associations d’antidiabétiques incertaines, il est souvent plus sûr de recourir à l’insulinothérapie.   Place de l’insuline dans une stratégie personnalisée de traitement   Chez un patient diabétique en échec de multithérapie orale, le choix thérapeutique doit prendre en compte divers paramètres : la situation métabolique initiale, la valeur d’HbA1c, les caractéristiques de l’hyperglycémie (basale ou postprandiale), le statut pondéral, les risques d’hypoglycémie, les traitements associés, les possibilités d’adaptation des doses par le malade, l’histoire clinique en faveur ou non d’une insulinopénie, les contre-indications éventuelles, la prévention des complications micro- et macrovasculaires. Deux traitements injectables sont aujourd’hui disponibles : l’insuline et les analogues du GLP-1. Deux analogues du GLP-1 sont disponibles : l’exénatide de durée d’action courte et d’action plus prononcée sur les glycémies postprandiales qui suivent l’injection (2 injections par jour) comparativement à l’autre analogue, le liraglutide, d’action plus longue et ayant un effet un peu plus prononcé sur la glycémie à jeun comparativement à l’exénatide. Par ailleurs, l’insuline basale exerce une action spécifique sur la glycémie à jeun, qui permet une amélioration de l’ensemble du cycle glycémique. Les données disponibles avec la glargine montrent bien cette baisse de la glycémie à jeun. Par conséquent, le profil glycémique est un des critères susceptibles de contribuer à la décision thérapeutique entre insuline et GLP-1. L’insuline a démontré son efficacité quelle que soit la valeur de base de l’HbA1c et le profil du patient. Elle peut s’accompagner d’une prise de poids, mais le plus souvent modérée, et nécessite une gestion du risque hypoglycémique. Les analogues du GLP-1 permettent une baisse d’environ 1 % de l’HbA1c, mais s’accompagnent de troubles digestifs ; des hypoglycémies peuvent survenir en association aux SU et il existe une proportion de non-répondeurs, sans critère validé permettant de prédire la réponse au traitement. L’hyperglycémie et la variabilité glycémique ont un impact sur  le stress oxydatif en activant les voies à l’origine des complications du diabète. La variabilité glycémique comme la glycémie à jeun sont également corrélées aux complications macrovasculaires, de même que la dyslipidémie du diabétique. L’un des rôles physiologiques de l’insuline est d’inhiber le flux d’acides gras libérés par les adipocytes, d’inhiber la formation des VLDL hépatiques et de stimuler la lipoprotéine lipase ; elle a donc un effet hypotriglycéridémiant et hyperHDLémiant. Chez le diabétique, c’est le profil inverse que l’on observe. L’apport d’insuline permet d’améliorer le profil dyslipidémique et de s’opposer au stress oxydatif. L’insulinothérapie devrait être mise en route précocement, comme en témoignent les résultats de l’étude UKPDS, pour optimiser le contrôle glycémique et prévenir les complications macrovasculaires. L’étude ORIGIN, qui a inclus plus de 12 000 patients (82 % de diabétiques ; 6 % de diabétiques de découverte récente ; 12 % dysglycémiques), randomisés pour recevoir soit de l’insuline glargine, soit un traitement standard, et des omégas 3 ou un placebo, permettra de déterminer  l’impact d’un traitement précoce par la glargine sur les événements cardio-vasculaires. Symposium sanofi.

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