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Editorial

Publié le 20 fév 2019Lecture 3 min

DT2 et environnement consenti ou subi : le temps de l’action est venu !

Jean-Louis SCHLIENGER, Université de Strasbourg

Près de 415 millions de diabétiques de type 2 en 2015, plus de 640 millions en 2040, une prévalence attendue de plus de 10 % et des dépenses de santé attenantes inexorablement exponentielles ! Il est temps d’agir !

Le patrimoine génétique et l’environnement sont les déterminants indissociables de la résistance à l’insuline et de la dysfonction des cellules ß qui font le lit du DT2. Les modifications du premier ne pouvant expliquer une augmentation aussi vertigineuse de la prévalence, il n’y a d’autre stratégie d’action possible que d’agir sur l’environnement, qu’il soit consenti ou subi. Il se trouve que d’innombrables études observationnelles ont mis à jour une foule d’associations entre l’environnement et le DT2. Les plus robustes et les plus connues sont en rapport avec l’environnement consenti, sinon choisi, regroupant les habitudes alimentaires et le style de vie. D’autres, émergentes, plus inattendues, font la part belle à l’environnement subi, en l’occurrence l’air que l’on respire, les lieux de vie et l’alimentation transformée. Modifier l’environnement consenti revient à modifier les comportements. Pour l’alimentation, les principes sont simples avec une grande latitude de manoeuvre pour leur mise en œuvre : réduction de la densité énergétique (aliments transformés, graisses ajoutées) et amélioration de la densité nutritionnelle (effet fruits et légumes), limitation de la consommation de charcuterie et de boissons sucrées, augmentation de la consommation de céréales complètes et d’aliments riches en fibres, et consommation modérée de boissons alcooliques. Ces mesures contribuant à réduire la réponse insulinique postprandiale et à améliorer la sensibilité à l’insuline sont compatibles avec une excellente qualité de vie et le plaisir alimentaire. Par ailleurs, il est avéré sans ambages que l’activité physique globale et de loisir réduit le risque de DT2 alors que la sédentarité inhérente au développement d’activités passives dès le plus jeune âge en cette civilisation automatisée et d’écrans l’accroît considérablement. Ce trait comportemental est associé à un plus faible niveau socio-économique et éducationnel et, sans surprise, à un risque élevé d’obésité. Si ces conditions diabétogènes sont connues au point d’inspirer des recommandations professionnelles relayées par les autorités de santé pour tenter de circonscrire les flambées d’obésité et de DT2 qui ont partie liée, il n’en est pas de même des effets délétères de l’environnement subi. Pourtant deux composantes de la pollution de l’air ambiant, les microparticules PM 10 à 2,5 μm et le dioxyde d’azote, sont associées de façon convaincante au risque de DT2 si l’on en croit plusieurs études récentes. La dernière en date, la cohorte du Global Burden Disease(1) (1 729 108 participants suivis pendant 8,5 ans) affirme que l’exposition aux microparticules augmente significativement le risque de DT2. Par extrapolation, les microparticules contribueraient globalement à 3,2 millions de cas incidents de DT2 et plus de 200 000 morts liées au diabète, avec un impact très disparate selon les aires géographiques et le niveau de développement. Les mécanismes potentiellement en cause seraient l’inflammation systémique de bas grade et le stress oxydatif responsables d’une résistance à l’insuline conduisant au dysmétabolisme glucosé. Là encore, il importe d’agir, même si les mesures utiles seront nécessairement ressenties de façon négative par la population générale. Réduire les émissions de particules en favorisant le développement de véhicules électriques et l’amélioration de la composition des carburants en limitant leur teneur en composants soufrés à défaut de mettre au point des filtres parfaits relève de l’urgence. La prévention du diabète rejoint ainsi les préoccupations citoyennes. La transition écologique vient opportunément au secours de notre santé en même temps que de notre planète. Contrer la pandémie annoncée de DT2 est l’affaire de chacun — choix comportemental et alimentaire – et de tous puisque l’environnement subi – dont la pollution de l’air est l’un des témoins mesurables — s’invite à la table des facteurs de risque. Dans tous les cas et pour bien d’autres raisons encore, il est urgent d’agir au vu des données disponibles. Avis aux décideurs politiques et aux citoyens responsables...

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