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Endocrinologie

Publié le 04 déc 2023Lecture 2 min

Cosmétiques : les adolescentes, éponges à perturbateurs endocriniens

Céline LEFEBVRE, Paris, d’après une communication de L. Gaspari (Montpellier)

De la lotion corporelle à la crème dépilatoire en passant par le vernis à ongles et les parfums… Depuis une quinzaine d’années, les scientifiques soulèvent la question de la dangerosité potentielle des cosmétiques liée à leur contenu en perturbateurs endocriniens. Or les données disponibles fournissent des preuves sans appel : les phtalates, les parabènes et le triclosan affectent la fonction ovarienne et la santé reproductive.

Des préoccupations d’ordre scientifique croissantes existent quant à la nature et la sécurité des ingrédients utilisés par l’industrie cosmétique et de l’hygiène, en particulier liées à la présence de perturbateurs endocriniens. Pour Laura Gaspari (unité d’endocrinologie-gynécologie pédiatrique, CHU de Montpellier), « les cosmétiques et produits de beauté sont une source peu étudiée de perturbateurs endocriniens et constituent une part importante de notre exposition aux produits chimiques, certes à de faibles doses, mais chaque jour et pendant des décennies. Ces produits chimiques étant lipophiles, la plupart sont stockés au long cours dans le tissu adipeux à l’origine d’effets potentiels à l’âge adulte. » Les populations vulnérables sont les femmes enceintes et les adolescentes en période péripubertaire, ces dernières étant particulièrement exposées. Une étude parmi d’autres a détecté 16 produits chimiques parmi 4 grandes familles (phtalates, triclosan, parabènes, et muscs) dans le sang et les échantillons d’adolescentes(1). Elles utilisaient en moyenne 17 produits lors de leur routine quotidienne. Dans une étude, les jeunes filles qui en utilisaient présentaient deux fois la concentration urinaire en mono-éthyl-phtalate par rapport à celles n’en utilisant aucun, et 10 fois la concentration en méthylparabène (présent dans les fonds de teint, eyeliners, mascaras). La concentration en triclosan était augmentée de 87 % chez celles utilisant le dentifrice Colgate® Total, et la concentration en benzophénone-3 augmentée de 58 % en cas d’utilisation d’écran solaire. Les phtalates (anti-androgènes) sont présents dans 72 % des produits cosmétiques. Ils sont formellement incriminés dans le retard du développement pubertaire(2) et dans la réduction de la phase lutéale(3), ainsi que du nombre de follicules ovulatoires chez des jeunes femmes, de la durée de vie fertile chez la femme et de la qualité de la maturation des ovocytes. Pour leur part, les parabènes sont des conservateurs (activités antiandrogénique et œstrogénique) présents dans 40 % des shampoings, savons, etc., et dans 60 % des produits destinés à la peau (crèmes, etc.). Dès le plus jeune âge (6-17 ans), 92 % des filles sont déjà exposées au méthylparabène et 83 % au propylparabène(4). Ils sont suspectés de raccourcir la phase lutéale(5), de réduire l’âge de la thélarche et de la ménarche dans les quartiles les plus exposés(6) et de diminuer la réserve ovarienne(7). Quant au triclosan, antagoniste des œstrogènes et androgènes (savons, dentifrices, déodorants), les études pointent sa responsabilité dans la réduction du nombre de follicules(8). « Tous ces produits ont un effet au niveau de la LH et de la FSH, explique L. Gaspari, en altérant la balance endocrinienne au niveau hypophysaire. Ils sont aussi capables de perturber le bon développement des follicules (réduction de leur nombre, augmentation de l’atrésie, etc.) d’où la réduction de la fertilité. »

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