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Physiologie-Physiopathologie

Publié le 15 déc 2017Lecture 3 min

Pourquoi faut-il s’intéresser à la glycémie postprandiale ?

Catherine FABER, Paris

L’intérêt du contrôle de la glycémie postprandiale s’appuie sur un double rationnel : d’une part, il est essentiel pour atteindre les objectifs d’HbA1c recommandés et, d’autre part, l’hyperglycémie postprandiale serait associée à diverses complications du diabète, en particulier cardiovasculaires, et aurait également des conséquences économiques non négligeables.

Impliquée dans les complications macro- et microvasculaires Le suivi à long terme des patients diabétiques révèle que la glycémie mesurée 2 heures après le repas constitue un facteur prédictif d’événements cardiovasculaires(1). Comme l’indique l’étude européenne DECODE (Diabetes Epidemiology: Collaborative analysis Of Diagnostic criteria in Europe), elle serait un meilleur facteur prédictif de mortalité cardiovasculaire et totale que la glycémie à jeun(2). À noter que l’hyperglycémie postprandiale est un marqueur de risque cardiovasculaire même chez les sujets non diabétiques(3). Ceriello a montré que l’hyperglycémie postprandiale induit une dysfonction endothéliale via la production d’un stress oxydatif(4). Ce dernier a un rôle essentiel dans le développement des complications tant macrovasculaires que microvasculaires du diabète(5). Les fluctuations de la glycémie durant la période postprandiale entraînent un stress oxydatif de façon plus spécifique que l’hyperglycémie chronique(6). Un autre marqueur du risque vasculaire est impacté par l’hyperglycémie postprandiale : l’épaisseur de l’intima-media de la carotide. D’après l’étude RIAD (Risk factors in Impaired glucose tolerance for Atherosclerosis and Diabetes), l’hyperglycémie postprandiale serait corrélée à cet indicateur et, donc, pourrait accroître le risque d’athérosclérose(7). Par ailleurs, l’International Diabetes Federation (IDF) indique dans ses recommandations de 2014 que l’hyperglycémie postprandiale semblerait entraîner un risque de rétinopathie diabétique(8). Comme pour les complications macrovasculaires, ce sont les perturbations de la fonction endothéliale qui sont incriminées(8). L’hyperglycémie postprandiale semble aussi être un facteur clé de la pathogenèse des polyneuropathies diabétiques(9). Sur le plan cognitif, ses effets délétères, observés chez les patients diabétiques de type 2 âgés, se traduisent par des troubles exécutifs, attentionnels et du fonctionnement cognitif global(8). D’autres conséquences négatives Il existerait un lien entre l’hyperglycémie postprandiale — et les facteurs qui la favorisent — et certains cancers. D’après les données d’une cohorte suédoise (Northern Sweden Health and Disease Cohort), le risque global de cancer s’accroît avec le niveau de la glycémie postprandiale(10). Ce surrisque, indépendant de l’indice de masse corporelle (IMC), est significatif chez les femmes pour la totalité des cancers pris en compte. Chez les hommes, il ne concerne que certains cancers. Une étude de De Gapstur fait part d’une relation entre la glycémie postprandiale et le risque de mortalité par cancer pancréatique, là encore après ajustement sur les facteurs confondants (âge, origine ethnique, tabagisme, IMC)(11). Enfin, les excursions glycémiques augmenteraient le recours aux soins pour les patients adultes diabétiques de type 1 et de type 2. Contrôler l’hyperglycémie postprandiale Dans ses dernières recommandations, l’IDF rapporte des données sur les effets du contrôle de la glycémie postprandiale(8). Il améliore le débit sanguin et la fonction myocardique, et réduit significativement la progression de l’épaisseur de l’intima-media de la carotide, indépendamment de la baisse de l’HbA1c. Il pourrait également diminuer le stress oxydatif, l’inflammation, la dysfonction endothéliale et le risque de thrombose. La réduction de l’incidence des hyperglycémies postprandiales pourrait également aider à atténuer le coût des soins liés au diabète(12). Les excursions glycémiques postprandiales jouent un rôle déterminant dans le contrôle du diabète(13). Celui-ci peut encore être amélioré, comme en témoignent les résultats de l’étude Entred 2007 : seulement 34 % des diabétiques de type 2 avaient un taux d’HbA1c dans la cible et 39 % ont bénéficié de l’intensification de leur traitement dans les 6 mois suivant un deuxième dosage d’HbA1c en dehors de leur objectif(14). Pour parvenir aux objectifs d’HbA1c, le contrôle de la glycémie postprandiale serait plus important que celui de la glycémie à jeun. Selon une étude de Woerle menée chez des patients diabétiques de type 2, il permet à 94 % d’entre eux d’atteindre le taux d’HbA1c recommandé contre seulement 64 % en cas de contrôle optimal de la glycémie à jeun seule(15). La Haute Autorité de Santé souligne que la fréquence des hyperglycémies postprandiales constitue un des critères de choix du schéma d’insulinothérapie dans le diabète de type 2(16).

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